Sous leTrône de Fer. Petites analyses littéraires

Sous leTrône de Fer. Petites analyses littéraires

"Viens dans mon château"

 

 

 "Viens dans mon château" est un jeu pratiqué par les enfants de familles fieffées ou aisées qui leur permet d'apprendre les noms et blasons de différents lignages. Il associe le château au lignage, à un sang particulier, et entrer dans celui de la princesse équivaut à la fondation d'un nouveau lignage ou à l'appropriation du "sang" porté par cette princesse. La légende de Lann le Futé - ancêtre légendaire des Lannister - illustre parfaitement ce fait dans une de ses variantes racontée dans The World of Ice and Fire, une encyclopédie du monde et de l'histoire de Westeros écrite par un mestre de Villevieille pour l'éducation du jeune roi Tommen Baratheon (l'auteur est GRRMartin qui s'essaye là au genre "fake history" - "histoire fictive"). Lann se serait introduit dans la forteresse des Castral (Castral Roc), aurait couché avec les filles du roi, avant de s'approprier Castral Roc et de fonder la dynastie des Lannister. Dans le tome 1 A Game of Thrones, une autre légende citée rapporte cette fois que la blondeur dorée des Lannister ne viendrait pas des Castral mais du fait que Lann aurait volé des rayons au soleil; "soleil de mes jours" et "lune de mes nuits" est le couple formé par le khal Drogo et Daenerys, ce qui par extension pourrait laisser penser que Lann a volé le "pouvoir" d'un "prince promis" à une princesse, et qu'il a ensuite épousé la princesse en question. 

 On retrouve le schéma de l'homme rusé qui capte une princesse à l'intérieur de son propre château et "fonde" une dynastie dans l'histoire de Baël le Barde : Baël avait relevé un défi du roi Stark (un certain Brandon père d'un seul enfant, une fille), s'introduisant dans Winterfell sous un faux nom - Sigerryk "le trompeur"- et y chantant toute la soirée pour le roi. Le roi charmé lui avait offert la "plus belle rose de ses serres chaudes", Baël avait enlevé la princesse, était resté caché avec elle dans les cryptes jusqu'à ce qu'elle réapparaisse avec un fils... que le roi malade avait alors reconnu pour son héritier. On retrouvera la serre chaude avec Sansa. 

 Baël est un chanteur et avec le faux nom qu'il se choisit, il se place du côté des oiseaux menteurs. Lann est surnommé le "futé" ("clever") et c'est précisément le mot que choisit Bariol dans sa première apparition, pour qualifier un grand corbeau blanc, un homme et un fou : 

 

 "Oiseau futé, homme futé, fou futé, futé, fit écho le carillon discordant de Bariol. Oh, fou futé, futé, futé." Il se mit à chanter. "Les ombres entrent, messire, dans la danse, danse messire, messire danse (...)"

 (Prologue, tome 2 A Clash of Kings)

 

Oiseau, homme et fou sont ainsi associés pour leur astuce. Ce sera le cas dans la saga à propos de Mance Rayder (qui se déguisera d'ailleurs en Abel le barde pour s'infiltrer incognito dans Winterfell et enlever aux Bolton la fausse Arya Stark), mais aussi de Jon Snow et de son loup, également associés à des figures de voleur et aux barrals (le loup Fantôme est blanc avec les yeux rouges, couleurs des barrals, et qualifié de "clever" par Edd-la-Douleur). 

 À la fin du chapitre de Sansa que nous analysons, Littlefinger sera qualifié de "clever" par Lysa. Pour enlever Sansa, Il s'est en outre servi du chevalier déchu Dontos (devenu fou officiel à la cour de Joffrey en échange de la vie sauve), qui jouait à Florian le Fol amoureux de sa Jonquil pour mieux être écouté de la jeune fille férue de chansons et contes. Florian et Jonquil sont deux personnages d'une chanson de geste tragique très populaire en Westeros, dont GRRMartin n'a pas détaillé le contenu.

 Nous avons donc, en plus du bâtard sacrifié et de la princesse, le vervoyant (homme-oiseau-fou-arbre "futé") qui la convoite. Le voici qui entre en scène :

 

"Tassez la neige autour d'un bâton, Sansa."

 

 Petyr Baelish, aka, Littlefinger, le lord protecteur du Val, mari de Lysa Arryn, responsable de la chute d'Eddard Stark et de l'enlèvement de sa fille. "L'oiseau moqueur" qui a emmené sa "protégée" dans un nid d'aigle ("Eyrie" en anglais signifie "nid d'aigle"). L'oiseau moqueur est le blason que s'est choisi Petyr Baelish (et dans Baelish, il y a "Bael").

 Notre princesse l'entend parler avant de le voir et se demande aussitôt depuis combien de temps il l'observe, ce qui le place du côté des personnages-oiseaux espions et "murmureurs" ("whisperers" en anglais) : Varys l'Araignée avec ses petits oiseaux, le corbeau du Lord Commandant de la Garde de Nuit (lui aussi associé au mot "clever", et comme par hasard, on a déjà vu précédemment que Jon apparaissait comme une Blanche-Neige au Mur), Melisandre la prêtresse rouge (dont les grandes jupes sont comparées à des ailes), et bien sûr la Corneille à Trois Yeux aka le vervoyant que cherche Bran.   

 Ici, Petyr Baelish ne s'adresse pas au personnage d'Alayne Stone, sa supposée fille bâtarde, mais bien à Sansa Stark qu'il avait innocemment proposé d'épouser après que les Lannister s'étaient décidés pour l'alliance avec les Tyrell et le mariage entre Margaery et Joffrey.

 

(...) et écrivirent dessus son nom en lettres d'or, en grandes, belles lettres capitales, sous lesquelles ils écrivirent encore qu'elle était une princesse, fille de roi. 

 ... dit le conte de Blanche-Neige.

 

 L'ambivalent Littlefinger s'adresse à Sansa non pas en père, mais en époux qui entend apprendre la vie à une Jouvencelle par métaphores interposées : en effet, Sansa ne parvient pas à achever son château, dont les derniers éléments s'effondrent sans cesse et Petyr lui donne la solution : il manque un homme à la princesse, ce qui est un peu paradoxal parce qu'on a vu plus haut que le château pouvait justement représenter cet époux et cette autorité seigneuriale et qu'en outre ses murs même étaient faits du sang d'un homme (je pense évidemment à "snow"/la neige - le bâtard, que j'ai déjà bien évoqué). Que veut donc dire Littlefinger ? Que la princesse doit avoir un amant - en plus de son mari - pour la déglacer ? Que le mari est un fantoche ? Une ombre ? Une marionnette ? Et que c'est le marionnettiste le vrai partenaire ? Ou suggère-t-il quelque chose de plus sombre comme un vol (n'oublions pas l'image de l'aube qui se glisse dans le jardin "comme un voleur") ?

 Ici, le vrai partenaire de la princesse est suggéré par le bâton. Examinons la suite du dialogue et comment Littlefinger se met sur les rangs : 

 

"Un bâton ? demanda-t-elle.

- Cela devrait le renforcer suffisamment pour qu'il tienne, à mon sens, dit Petyr. M'autoriseriez-vous, madame, à pénétrer dans votre château ?

 

 L'allusion est évidemment sexuelle, mais renvoie aussi au jeu pratiqué par les enfants nobles "viens dans mon château", que Tyrion cite parfois comme pour lui donner un sens ambigu (notamment lors de son mariage avec Sansa, avant le coucher), et qui faisait sans doute partie des jeux entre Petyr, Catelyn et Lysa quand ils étaient enfants à Vivesaigues. 

Contrairement au barde Marillion et au prince Joffrey, Littlefinger demande la permission. Quant au "renforcement", c'est le mot "strenght" que GRRMartin emploie : on le retrouve dans le mot "strong" qui était anciennement un synonyme de "stark" (qui avait autrefois le même sens que l'allemand "stark", mais a cédé la place à "strong"). Dit autrement, notre auteur suggère à travers les mots de Littlefinger que Winterfell, le château des Stark, doit sa solidité à un vervoyant, ou plutôt à son arbre-coeur, le barral du bois sacré (dans Bran II tome 1 A Game of Thrones, Winterfell est d'ailleurs comparé à un monstrueux arbre de pierre), et à la "magie". 

 

Sansa se fit prudente. "Ne me l'abîmez pas. Soyez...

- ... délicat ?" Il sourit. "Winterfell a résisté à des ennemis plus brutaux que moi."

 

 Après "viens dans mon château", nous pouvons deviner une allusion à un autre jeu enfantin de la saga, "Monstres et fillettes", lui aussi porteur de double sens. Précisons que la traduction dit "abîmer" là où GRRMartin emploie "to break"/"briser". Le sens est donc plus fort et renvoie à la fois au viol d'une femme et à la chute de Bran Stark, le petit garçon brisé qui devait établir des "ponts" ("bridges"; ce sont justement les "bridges" de Winterfell que Sansa ne parvient pas à faire tenir) entre les enfants du roi Robert et ceux des Stark. Il y a peut-être bien une ironie très "martinienne" dans le fait que Bran chute alors qu'il vient de surprendre un couple - Jaime et Cersei - faisant l'amour (et dont l'homme semble mener un assaut), et qu'il est poussé par Jaime, qualifié de "strong" dans cette occasion précise. 

 Pour Bran, dont le rêve était de devenir un "puissant" chevalier, Jaime était d'abord apparu comme un modèle absolu : grand, beau avec sa chevelure et son armure dorée, fort ("strong") et de prestance royale. Notons que ces qualités sont exactement celles dont Sansa affublait son prince charmant et qu'elle avait cru trouver chez Joffrey : 

 

He was all she ever dreamt her prince should be, tall and handsome and strong, with hair like gold. 

(Sansa I, tome 1 A Game of Thrones)

 

 Littlefinger est à l'opposé, ou presque, de cet idéal : petit, mignon et d'apparence plutôt chétive. Lorsqu'il était jeune adolescent il avait provoqué en duel Brandon Stark (le frère aîné d'Eddard) alors fiancé à Catelyn Tully, pour lui disputer Catelyn, justement. Loin de faire le poids, il avait été presque tué.  

 D'autre part, le bâton, c'est du bois, et le bois est directement lié aux vervoyants : lorsque le jeune Bran est dans le coma, étendu sur son lit, ses jambes amaigries sont comparées à des bâtons et ses mains à des serres d'oiseau. 

 La neige à "tasser autour d'un bâton" est-elle un moyen pour GRRMartin de suggérer qu'à l'instar de Lann le Futé volant des rayons du soleil, un vervoyant aurait volé sa "force" au bâtard pour l'apporter aux héritiers nés de sa princesse ? Une phrase prononcée par le vieux Jon Arryn sur son lit de mort revient comme un refrain au cours de l'enquête menée par Eddard pour élucider cette mort, ainsi que dans la bouche de Lysa Arryn à propos de son fils, le souffreteux petit Robert : 

 

"The seed is strong" - "la semence est forte"

 

 On examinera dans la partie suivante si la suggestion de notre oiseau fou était bonne et si la force est bien avec les Stark.

 Poursuivons pour le moment notre analyse : Sansa ne répond ni par oui, ni par non à la question de Petyr Baelish, et ne l'invite donc pas formellement à entrer. Celui-ci fait alors le tour du château, comme l'oiseau de proie qui fait des cercles dans le ciel en cherchant l'ouverture, ou le dominant qui marque son territoire et observe... ou comme Theon Greyjoy entré dans Winterfell furtivement, et par le bois sacré, avec une poignée d'hommes, en escaladant les murs, et se rendant maître de la place par ruse, sans combat.

 

~~

 

 Littlefinger s'assure alors qu'il a deviné juste en nommant Winterfell, et évoque ses rêves à son propos, des rêves dans lesquels il se le représente toujours comme un lieu sombre ("dark") et froid, et pour cause, c'est là qu'est partie la jeune fille dont il était amoureux, Catelyn Tully, la mère de Sansa. Pour Petyr, vu de l'extérieur (il n'est pas encore entré) sa princesse Cat s'est ensevelie et sa vie dans le Nord est une mise au tombeau.

 

 - Du tout. Il y faisait toujours bon, lors même qu'il neigeait. L'eau captée dans les sources bouillantes passe par des conduites dans l'épaisseur des murs pour les réchauffer, et l'atmosphére des jardins de verre était en permanence celle de la plus torride journée d'été.

 

Je me suis longtemps trituré les méninges pour essayer de comprendre les enjeux de ce bref échange à propos de la température de Winterfell, et j'en ai tiré plusieurs conclusions que je livre là, je vous laisse choisir votre préférée !

 Tout d'abord, sur la forme, il s'agit d'une transition entre deux étapes de la construction du Winterfell de neige, en même temps que cela prépare l'entrée de Littlefinger sur un territoire qui lui est interdit ; concrètement, ça donne :

-> de l'extérieur le château est glacé

-> en fait à l'intérieur c'est chaud ("vas-y, pèle-toi bien dehors surtout")

-> c'est chaud surtout dans les jardins de verre, on se croirait en été

-> mince, je ne sais pas comment faire les jardins de verre

-> Littlefinger à la rescousse "laisse-moi faire, petite, je vais te montrer"

-> et hop, ni vu ni connu j't'embrouille, j'entre dans le château comme un voleur par le jardin... (à comparer avec Theon Greyjoy prenant Winterfell et couchant dans le lit d'Eddard Stark avec une fille qu'il a séduite). 

 Ensuite, l'opposition entre l'extérieur et l'intérieur du château, illustrée par l'opposition hiver-été, n'est pas sans rappeler certaines considérations de Samwell lors de la longue marche pour échapper au massacre du Poing des Premiers Hommes :

 

Avec un frisson, Sam relâcha la branche et s'étendit à l'aise dans la neige. Elle était froide et humide, il le savait, mais il ne le sentait guère à travers tous ses vêtements. Il leva les yeux vers le ciel blafard d'où les flocons venaient en voltigeant lui tapisser la panse et la poitrine et les paupières. La neige va me couvrir d'une épaisse courtepointe blanche. Il fera plus chaud, sous la neige, et, s'ils parlent de moi, force leur sera de reconnaître que je suis mort en homme de la Garde de Nuit.

(Samwell I, tome 3 A Storm of Swords)

 

 Ce n'est ni la seule ni la première fois dans la saga que le froid extrême donne l'illusion de chaleur lorsqu'on s'y abandonne, et Sam s'enfouit sous la neige en attendant une mort douce comme les rêves - façon "bonsomme", le poison doux qui est administré au petit Robert Arryn et qui a sans doute pour premier effet de ralentir sa croissance - de même que Sansa s'enfouissait sous les couvertures ou que la princesse de la présente analyse s'abandonne à la mort dans son château-tombeau de neige : le baiser de neige du début de la scène était autant un baiser d'éveil (à "l'autre monde") qu'un baiser de mort, car s'éveiller à une vie suppose de mourir à une autre. La saga joue sur la signification symbolique de ce passage d'une vie (ou d'un monde) à l'autre autant que sur les implications concrètes, dont l'exemple le plus emblématique reste la résurrection de Catelyn en Lady Coeurdepierre par le "baiser de feu" de Beric Dondarrion (qui y laisse volontairement et définitivement ce qui lui restait de vie). Cela ne veut cependant pas dire que le retour en arrière est possible : la mort est toujours définitive, et Lady Coeurdepierre n'est plus Catelyn Stark, même si une part d'elle subsiste. 

 Enfin une troisième lecture possible de ce bref échange se focalise sur la captation des sources chaudes : ce sont elles qui donnent à Winterfell sa chaleur et en font une sorte de paradis estival au coeur de l'hiver. On sait par ailleurs que les jardins de verre sont utilisés pour cultiver fruits et légumes qui manquent inévitablement en hiver, et en cas d'hiver très rigoureux et long (plusieurs années), ils sont une garantie de survie. L'eau chaude canalisée à l'intérieur des murs du Winterfell de pierre joue le même rôle que les bâtons dans le Winterfell de neige; dans ce jeu de miroir, les sources chaudes deviennent la "force" captée pour le Winterfell réel, "force" assimilable à l'été.

 C'est exactement le même schéma qu'on retrouve dans la légende de la dragonne des mers, Nagga, que l'antique Roi Gris des Îles de Fer (dont les Greyjoy se prétendent descendants) aurait tuée, faisant de ses côtes les piliers de son palais, de sa mâchoire son trône et de ses dents sa couronne, après que le dieu Noyé eût changé ces os en pierre et capté le feu de Nagga pour chauffer le palais. Littéralement, le Roi Gris vivait dans un ventre maternel, ce qui fait écho à la fois à Daenerys enfermant ses enfants-dragons dans les profondeurs de sa Grande Pyramide à Meereen, et à une réplique servie par Jaime Lannister à Catelyn Stark, lorsqu'elle vient le visiter dans sa prison de Vivesaigues : 

 

"My son may be young, but if you take him for a fool, you are sadly mistaken . . . and it seems to me that you were not so quick to make challenges when you had an army at your back."

"Did the old Kings of Winter hide behind their mothers' skirts as well ?"

(Catelyn VII, tome 2 A Clash of Kings)
 
 "Les anciens Rois de l'Hiver se cachaient-ils derrière les jupes de leur mère ?" demande Jaime à Catelyn qui vient de l'aviser de ne pas prendre son fils Robb pour un fou - "a fool". "Fool", Robb le sera pourtant en épousant Jeyne Ouestrelin malgré sa promesse officielle d'épouser une Frey. Une "folie d'amour", donc, qui lui coûtera la vie aux Noces Pourpres. Si on retrouve le thème de l'homme fou (et "clever" car Robb a largement fait ses preuves en termes de stratégie militaire), on voit avec l'image des serres chaudes se dessiner la figure ambiguë d'une mère protectrice et étouffante tout à la fois, exactement comme Lysa peut l'être (et comme la princesse Sansa le serait plus tard ?).

 Tout cela donne un éclairage particulier au fait qu'après avoir vu le coeur de l'hiver pendant son rêve comateux, Bran nomme son loup géant aux yeux dorés Été. Il est suggéré que le coeur de l'été pourrait se trouver lui aussi à Winterfell, voire que coeur de l'hiver et coeur de l'été soient une seule et même chose, ou qu'ils forment un couple tragique doté d'une descendance. Aspiration à l'été et à l'hiver se rejoignent, ce que montrent très bien par ailleurs les souvenirs heureux de neiges d'été de Sansa. 

 

 

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03/04/2017
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